La commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale française a examiné ce mercredi une proposition de résolution européenne visant à "soutenir la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo (RDC) et à condamner ce qui est décrit comme le soutien du Rwanda au Mouvement du 23 mars" (M23).
Déposée le 28 mars 2025 par le député Carlos Martens Bilongo (LFI) et cosignée par d'autres membres du groupe La France insoumise, cette proposition de résolution dénonce ce qui est décrit comme l'implication directe de l'armée rwandaise dans les combats en RDC, qualifiant cette action de violation manifeste des accords internationaux garantissant l'intégrité des frontières et visant à pacifier l'Est du pays.
Le texte souligne également les exécutions sommaires d'enfants âgés de 11 à 15 ans par le groupe rebelle M23 après son entrée dans la ville de Bukavu, confirmées par un rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme en février 2025.
Les autorités congolaises affirment que des civils, confondus à tort avec des membres des FDLR, des FARDC ou des Wazalendo, ont été embarqués de force vers une destination inconnue.
La proposition de résolution appelle à une pression accrue sur Kigali, notamment par des initiatives diplomatiques et des sanctions ciblées, ainsi qu'à un soutien renforcé aux mécanismes régionaux de stabilisation.
Cette initiative s'inscrit dans un contexte de conflits persistants entre la RDC et le Rwanda, marqué par les avancées du M23 dans l'Est congolais, notamment la prise de la ville de Goma en janvier 2025, qui a entraîné des milliers de morts et de déplacés.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté en février 2025 une résolution condamnant explicitement le soutien du Rwanda au M23 et exigeant le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais.
Position officielle du Rwanda
Le gouvernement rwandais nie fermement tout soutien au M23. En février 2025, le ministre de la Défense, Juvenal Marizamunda, a déclaré : "Le Rwanda n’a jamais attaqué le Congo et ne le fera jamais. Ce que nous avons fait, c’est veiller à ce que rien ne puisse traverser du Congo et mettre en péril notre sécurité".
Le gouvernement de la République démocratique du Congo et la rebellion du M23 qui se battent dans l'est du pays ont publié mercredi une déclaration commune historique dans laquelle ils affirment vouloir un "cessez-le-feu".
Le président Paul Kagame insiste de son côté sur le fait que les rebelles du M23 sont des citoyens congolais.
Il affirme que le Rwanda a désarmé ceux qui avaient franchi la frontière par le passé et les a remis aux autorités congolaises.
Kigali accuse régulièrement Kinshasa de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une milice fondée par des exilés hutus rwandais accusés d’avoir participé au génocide de 1994.
Le Rwanda considère cette présence armée à sa frontière comme une menace directe.
Position de la RDC
Le gouvernement congolais, pour sa part, accuse le Rwanda de soutenir activement le groupe rebelle M23. Le président Félix Tshisekedi a qualifié les actions rwandaises de "déclaration de guerre" et a appelé à une mobilisation nationale pour défendre la souveraineté du pays.
Kinshasa a également rompu ses relations diplomatiques avec Kigali et demandé l’adoption de sanctions internationales contre le Rwanda.